Haïdouc - Antrepeaux
Workshop Caroline Boillet
Sur une proposition de Magali Desbazeille
Dans le cadre de l'atelier art- scènes- médias, Caroline Boillet proposera aux étudiant.e.s un travail autour de sa pièce chorégaphique VISION.
VISION dé-joue l’espace entre genres et danses, en créant de la filiation avec des images documentaires queer et simultanément avec l’œuvre performative de Lisa Nelson, le tuning score.
Les images documentaires sont des photos de famille collectionnées par les artistes Sébastien Lifshitz, Trent Kelley, David Deitcher. Ce sont des portraits de couples de gouines, butch, fem, PD, folles, drag... des personnes dont le genre est trouble, tout comme leurs relations. Ces photos ont été abandonnées puis récupérées mystérieusement sur des vide-grenier par les artistes. Ce geste de récupération est particulièrement touchant.
Cette pièce cherche elle aussi à prolonger ces photos, leur donner un second souffle et les composter, pour que leur première disparition donne vie à autre chose, un terreau fertile cultivant les filiations entre les générations queer passées et celles à venir.
Ces photos sont anonymes, et portent un trouble dans le genre et sur la relation des 2 personnes à l’image. On ne sait pas dire si ce sont 2 sœurs, 2 amants, 2 collègues, 2 compagnes de vie.
On peut fabuler de multiples versions à partir du même matériau source, sans conclure. Ca m’importe de rendre visible ce trouble, et comment nous l’habitons. Aussi il évoque l’état de danse que je souhaite au plateau : un trouble quant à la charge de la production du mouvement, où le moteur du mouvement est une altérité, une source qui
déborde le corps physique de la performeuse. Où la danse rend manifeste l’espace invisible et plus étendu que les contours de soi.
Le processus ici compte tout autant que le produit du spectacle de danse. Le tuning score, l’œuvre ouverte de Lisa Nelson, que les performeuses travaillent depuis 13 ans pour certaines, est une source d’inspiration.
La pièce porte sur 2 dispositifs qui font langage chorégraphique, l’un est la reprise ou playback et l’autre l’observation donnée à voir comme un matériau chorégraphique à part entière.
Crédit photo :
« Sujets inconnu.e.s, photographe inconnu.e, chinée par Sébastien Lifshitz, Les invisibles, 2013 »