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lundi 29 février 2016
amphithéâtre
18h

Manières de faire [Section Post-cinéma] dans le cadre du séminaire Couleur & Cinéma
Sur une proposition d’Alejandra Riera

Wittgenstein

réalisé par Derek Jarman

Royaume-Uni, 1993 ; France, 1996, couleur, 1H15
Scénario : Terry Eagleton, Ken Butler, Derek Jarman
Musiques d’Erik Satie, Robert Schumann, Maurice Ravel, Francis Poulenc, Mozart, César Frank, Brahms

Né en 1942 à Londres et décédé en 1994, Derek Jarman a été aussi bien jardinier qu’artiste et cinéaste qui, contre toute attente, a fait naître un jardin extraordinaire sur la terre la moins hospitalière qui soit, à l'ombre de la centrale nucléaire de Dungeness au bord de la manche dans le sud de l'Angleterre.
Son dernier livre Un dernier jardin (2003) raconte cette expérience.

Le Wittgenstein dépeint par Jarman, n’est en aucune manière d'une reconstitution de la vie du philosophe, mais d’une mise en perspective de sa philosophie avec sa vie à travers différentes saynètes. Plus que raconter la biographie d’un philosophe (éventuellement sa biographie intellectuelle), ce film tente de transposer sur l’écran une philosophie, de même que l’on transpose à l’écran un roman. La mise en scène de Derek Jarman a plus l'apparence d'une pièce de théâtre filmée où les acteurs évoluent dans un décor minimaliste. Et le dialogue du philosophe avec lui-même passe par un interlocuteur imaginaire qui n'est autre qu'un extra-terrestre vert, naïf, logique et burlesque.

Dans le cadre du séminaire « couleur et cinéma », voici une invitation à rencontrer l’approche de Derek Jarman de Wittgenstein auteur de Remarques sur les couleurs, écrites à la fin de sa vie entre 1950 et 1951.

Derek Jarman nous laisse par ailleurs notamment Bleu, un film où il abandonne ce qui serait le propre du cinéma : le figuratif, le visuel et livre une « confession sans images ». Avec Bleu, il accomplit sa recherche « anti-représentative et anti-narrative » et va jusqu’à remplacer les images par un écran entièrement bleu, soutenu par une bande sonore multiforme, faite de méditations solitaires, de dialogues, de bruits capturés à la rue, et évoque son vécu de malade séropositif.
Nous pouvons aussi citer son film Sebastiane (1976) qui déploie des dialogues en latin et donne une vision homoérotique de la vie de saint Sébastien, son film Caravaggio (1986), évocation de la vie tumultueuse du peintre italien ou The Last of England (1988), film expérimental et provocant, qui dépeint avec férocité la fin de l’Empire britannique.

Dans ses lignes à propos de son film Wittgenstein Derek Jarman averti : « Qui attache de l’importance à un film ? Pas moi. Jamais. Je ressens pour un film ce que Ludwig ressentait pour la philosophie. Il y a des choses plus urgentes. Ceci n’est pas un film de Ludwig Wittgenstein ». Il nous dit que l’évasion de Ludwig était le cinéma. Et que la sienne était « un jardin ». Sur sa manière de travailler, il confesse que c’est « quand un film part en morceaux », que l’on peut « récolter ses erreurs et en faire un trésor. » et qu’une philosophie du cinéma serait de « ne pas avoir de plan » car « tu peux alors, permettre à tes collaborateurs de prendre-le-contrôle de la situation. » Il évoque son tournage minimaliste Jarman ainsi : « le sol et les murs du petit studio étaient recouverts de draps comme pour des funérailles. Un noir infini. Un minimum d’accessoires et de décors. Bleus, rouges violets. » (…) Et le noir ? Le noir annule le décoratif et concentre mes personnages pour les faire miroiter comme des nains rouges : — et des géants verts. Lignes jaunes et étoilés bleues. »
Son texte sur le film commence par un constat : « Philosophie et cinéma. Images et mots. Il n’y a pas de mots dans une caméra. La caméra est silence. Pour Ludwig le langage était une série d’images. Plus tard, après avoir vu un grand nombre de films, il abandonna cette idée. Quelle peut-être l’image du vert ? Quel vert ? Munsell1 avait préparé une charte des couleurs pour les codifier à l’intention du gouvernement et de l’industrie, mais cela n’expliquait rien. Ludwig regarda en arrière, au-delà de cette tentative de fixer les couleurs. » (…) « Un « sac » était un sac. Mais qu’en est-il du « pourquoi ? Quelle image lui est venue à l’esprit ? Il avait noté qu’il pouvait lire les couleurs à partir d’une photo en noir et blanc. Le blanc n’était pas blanc jusqu’à ce que Newton découvre le spectre. Le blanc est plein de couleurs. » (…) La couleur luit faiblement dans l’œil de l’esprit. Rien n’était selon les apparences. C’était un autre langage. »

1/ L'atlas de Munsell est le système d’identification des couleurs le plus largement reconnu aux États-Unis.

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