Tinselwood
de Marie Voignier
Tinselwood
Marie Voignier
(82’, couleur, HD, France, Allemagne, 2017)
Séances ouvertes à tous et au public extérieur.
Visionner des films rares collectivement est une expérience essentielle. Cette année manière de faire propose de porter une attention particulière aux modes de présence, aux gestes, au rythme, à la lumière, à comment le montage tisse-détisse des liens, établi ou défait des relations et comment le végétal est évoqué par ces diverses traductions ou pensées cinématographiques.
« Tinselwood nous immerge dans la forêt tropicale jadis convoitée par les puissances coloniales allemandes, puis françaises, et dont les traces affleurent. Et de nous enfoncer dans cette dense masse végétale, restituée avec sensualité, dominée par le vert de son feuillage et le rouge de sa terre, à l’atmosphère enveloppante, bruissante. S’ouvrant sur la fabrication méticuleuse d’un piège aussi sommaire qu’ingénieux, le film entame une traversée qui conduit à un cimetière allemand enfoui, à des sorciers s’adonnant à des rituels votifs mais aussi encore, filmés dans la même atmosphère mystérieuse, à des bûcherons armés de tronçonneuses et de camions. Marie Voignier, attentive aux usages, aux croyances comme à l’esprit des lieux, entreprend ainsi de dépeindre en de patients tableaux ce qui se trame aujourd’hui dans cet espace autant hanté qu’habité. Succession de situations, parfois remises en scène et nourries d’entretiens préalables, dont Marie Voignier souligne l’historicité complexe. Et c’est un paysage qui peu à peu se dessine dans toute sa profondeur et son ampleur, aussi sensible que politique, fait de souvenirs, de désirs, de menaces et de possibles, à l’instar de ce jardin inattendu qu’on y découvre en conclusion. » (Nicolas Feodoroff)
Dans Tinselwood la réalisatrice revient sur la forêt où elle avait tourné son précèdent film : L’hypothèse du Mokélé-Mbembé, au Sud-Est du Cameroun qu’elle avait d’abord arpenté en suivant Michel Ballot, un criptozologue en quête d’un animal fantastique « invisible » dont personne n’a l’image. Plus libre, elle prend son temps et ramène des tableaux qui révèlent différentes formes d’habiter, de penser, de soigner, de détruire, de sauvegarder la forêt et montrent comment « imaginaires, épaisseurs historiques et enjeux présents » s’entrelacent.
Ce film a eu une mention spéciale du pris Beauregard au FID Marseille en 2017.
Version originale : français, bakwel, bangando, baka. Sous-titres : français. Scénario : Marie Voignier. Image : Thomas Favel. Montage : Marie Voignier. Son : Marianne Roussy, Thomas Fourel. Production : Eugénie - Michel Villette, Joon Film Berlin Renninger - Ann Carolin, Bonjour Cinéma Salpistis Vasileios. Distribution : Vendredi - Marie Vachette.
Filmographie : Tourisme international, 2014 - L’hypothèse du mokele-mbembe, 2011 - Hinterland, 2009 - Le bruit du canon, 2006.