Maria Stavrinaki
Conférence annulée
Cycle de conférences Retours à l’ordre ?
Sur une proposition de Catherine Fraixe
L’ordre était déjà là: le rôle politique de l’architecture selon Le Corbusier
Le Corbusier n’a jamais cessé d’admirer la puissance – que ce soit celle d’un homme, d’un régime ou d’une nation. Il n’a jamais cessé non plus de rejeter les révolutions politiques, qu’elles soient bourgeoises ou prolétaires. Lors de son premier voyage en Allemagne en 1910, il lui parut évident que l’essor de l’architecture et des arts décoratifs de ce pays avait partie liée avec la victoire de l’Allemagne sur la France en 1870. Inversement, il attribuait la défaite militaire de la France et ce qu’il voyait comme la décadence de son architecture à la Révolution de 1789. Mais son universalisme qui le faisait admirer la puissance là où elle s’affirme, indifféremment de sa localisation géographique, ne pouvait qu’entrer en conflit avec son penchant pour les « nations latines ». Cette tension put se résoudre en 1918, année où « l’universel » - la puissance - coïncidait enfin avec « le particulier » - la France. Le darwinisme social de Le Corbusier se développa alors librement dans tous ses aspects – national, économique, artistique et temporel. Cessant de se contredire, toutes les pièces de sa pensée se sont imbriquées les unes dans les autres comme dans un puzzle: la figure centrale qui s’y dégageait n’était autre que celle de l’architecte lui-même.
Maria Stavrinaki est Maître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'Université Paris I. Elle travaille sur les avant-gardes historiques.
Légende de la photo : Le Corbusier, Vers une Architecture, 1923