Bertfalhe
Hélène Bertin, Éléonore False, Ingrid Luche
Dans le cadre du programme Suite initié par le Centre national des arts plastiques en partenariat avec l’ADAGP, 40mcube présente l’exposition collective Bertfalhe qui réunit les artistes Hélène Bertin, Éléonore False et Ingrid Luche.
Les œuvres d’Hélène Bertin, d’Éléonore False, et d’Ingrid Luche, réunies dans l’exposition Bertfalhe ont comme point commun d’être liées à un voyage, à la découverte de villes et de territoires, témoignant d’un intérêt chez ces artistes pour l’ailleurs, d’une forme d’altérité.
Chacune d’entre elles a donc entrepris un voyage, Éléonore False est partie au Japon, Ingrid Luche à Los Angeles, Hélène Bertin à Cucuron. De destinations dont les cultures nous sont lointaines à des imageries familières car portées par les médias au niveau d’un mythe, à des contrées proches de chez nous dont certaines pratiques peuvent nous paraître parfaitement étrangères, l’exposition relativise la notion d’ailleurs – toujours ethno-centrée – et celle du déplacement.
Outre l’attrait pour diverses cultures, ces artistes s’intéressent plus précisément à des rituels ou des rites, à la construction de croyances. Partir vérifier des mythes, explorer des cultures en voie de disparition ou revenir aux sources enquêter sur une procession ancestrale qui perdure, telles sont leurs démarches respectives. Chacune d’entre elles a pour méthode de travail une phase d’immersion et de recherche documentaire, qui se manifestent ensuite différemment dans leur pratique. L’édition ou la conférence peuvent faire œuvre dans le travail d’Hélène Bertin, Éléonore False associe des documents en tant que tels à des objets, tandis qu’ils deviennent partie intégrante plus ou moins identifiable des œuvres d’Ingrid Luche.
Enfin, ces artistes partagent un usage de techniques artisanales – céramique, textile, tissage, travail du verre – qu’elles expérimentent, recherchant la meilleure formalisation de leurs idées. Elles témoignent également toutes d’un intérêt pour le motif, avec ce qu’il représente en termes d’appartenance à une culture, une communauté ou un groupe. Un motif qu’elles décontextualisent et détournent pour le transposer sur des supports inattendus et par le biais de techniques inhabituelles. Une photographie préalable à une œuvre de Richard Prince devient le motif d’une robe ou d’une cape d’Ingrid Luche, les dessins abstraits d’un livre trouvé au Japon deviennent une installation murale d’Éléonore False, l’Arbre de mai de Cucuron devient matière première de nouvelles œuvres et s’infuse dans les céramiques d’Hélène Bertin.
Si les pots, vases et tasses de cette dernière peuvent se fondre au retour de la céramique dans le design actuel, les objets d’Éléonore False, dénués de fonctionnalité s’éloignent de ce domaine, tout comme les vêtements impossibles à porter d’Ingrid Luche. Ces derniers prennent corps dans des sculptures, n’endossant aucun usage.
Ainsi l’exposition, qui condense et fait cohabiter de manière entremêlée les univers, les objets et les motifs d’Hélène Bertin, d’Éléonore False, et d’Ingrid Luche, devient un lieu à part entière, un territoire autonome composé d’éléments de différentes cultures et contrées. Nommé Bertfalhe, il appelle à son tour un imaginaire permettant à chacun·e de choisir où le situer sur une carte.
Anne Langlois