La couleur presque seule
Le peintre Didier Mencoboni est avant tout coloriste. La couleur est l’essence même de son travail. Son œuvre répond à trois points essentiels : l’abstraction, le concept et la couleur. Elle est constituée autant de petits formats que de grands et appelle de manière périodique différents supports comme la toile, le papier, le tissu, le miroir, voire le plexiglas et d’autres matériaux. L’œuvre de Didier Mencoboni se veut délibérément expérimentale. Il varie les disciplines pour ne pas se créer d’habitudes avec un médium.
Son travail n’est pas séquencé, au contraire, chaque technique est le prolongement de l’autre : il y a l’idée de sortir du tableau pour passer au volume ou plutôt prolonger le tableau. La couleur, telle que traitée par l’artiste, cherche continuellement à s’extraire du cadre qui lui est habituellement imposé pour aller s’infiltrer dans l’espace environnant. La couleur cinq fois s’inscrit dans cette démarche.
Se raconter une histoire dans une ville inconnue, voilà comment le projet La couleur cinq fois a pris naissance dans l’esprit de l’artiste. Tel un chapiteau qui se déploie, active sa représentation et disparaît, les œuvres de Didier Mencoboni vont apparaître dans l’espace public, sous forme de couleurs vibrantes, rester visibles un moment, puis n’être plus qu’un souvenir dans la mémoire des Mouansois. L’œuvre est issue d’un dispositif initié par le Cnap et mené en collaboration avec la Ville de Mouans-Sartoux et l’eac..
Au cours de l’activation de l’œuvre, sans réellement prévenir de son arrivée ni de son départ, la couleur côtoie le quotidien des habitants, disséminée, dissimulée, elle est perturbante et questionnante.
L’évènement est bref mais éblouissant, car il se dégage une couleur fluorescente des feuilles préimprimées et utilisées par l’artiste, une sorte d’éclat coloré qui donne à voir ces choses ordinaires que sont affiches « la couleur collée », marque-pages « La couleur entre les pages », doubles-pages dans un journal « la couleur repliée », cartes postales « La couleur dans la main » et confettis « La couleur éparpillée », sous un angle nouveau. Les surfaces colorées ne revendiquent que la couleur. « J’aime
l’idée de faire de belle chose, de rendre la vie plus agréable, de me placer du côté du joyeux et surtout du vivant. »
Dans le cadre de la présentation de cette commande, son œuvre temporaire, multiple et réactivable pour l’espace public et privé, l’éac dédie à l’artiste une exposition monographique dans la galerie du château.
L’eac. présentera une rétrospective de son travail des années 2000 à aujourd’hui, dont sa série la plus récente à la feuille d’or. A la façon d'un musicien qui composerait sur le mode exclusif de la variation, Mencoboni multiplie les jeux formels et les combinaisons chromatiques afin d'élargir le registre d'expression de la peinture.