Campo Santo
Composition Jérôme Combier
Avec l'ensemble Cairn, le compositeur Jérôme Combier imagine Campo Santo, l'exploration de Pyramiden, une ville soviétique abandonnée. À partir d'une collecte de matière visuelle et sonore, il compose une partition qui relate cette impure histoire de fantômes.
Jadis fleuron et fierté de la culture soviétique, cette ville minière symbolisait – à l’âge d’or de l’industrialisation occidentale – la réussite d’une organisation humaine élaborée autour du travail, à l’image des phalanstères. Aujourd’hui abandonnée de tous, Pyramiden demeure le lieu de mémoire d’une utopie où plane une empreinte spectrale hors du temps, une trace, un héritage. La matière "hantologique" chère à Jacques Derrida constitue l’essence même de ce projet artistique au confluent de plusieurs arts. Le compositeur Jérôme Combier conçoit Campo Santo comme un parcours parmi les débris de cette ville à la recherche d’une réalité enfouie. À la fois concert et installation sonore et visuelle, la matière même de ce spectacle provient de Pyramiden, au travers notamment des photos et images du scénographe et vidéaste Pierre Nouvel ou encore des sons recueillis, des matériaux sidérurgiques collectés sur le site déserté. Dans une succession de tableaux oniriques retraçant les grands moments de Pyramiden, voix et chants interprétés par l’ensemble Cairn émergent du centre de la scène, d’une installation de hauts‑parleurs suspendus dans les airs. Chœur virtuel, partition électronique et percussions font de Campo Santo le mausolée des voix humaines qui autrefois animaient les rues de Pyramiden.