Tenir le temps

Avec Tenir le temps, le chorégraphe Rachid Ouramdane, codirecteur du centre chorégraphique national de Grenoble, soumet les corps de ses seize danseurs à un engrenage infernal. Au son de la musique envoûtante de Jean-Baptiste Julien, les danseurs offrent le tempo commun d'un mouvement perpétuel, une danse intelligible pour le plus grand nombre.

Dans ce nouvel opus qui réunit seize danseurs, il construit une fresque collective illustrant le fonctionnement d’une communauté humaine en proie à une course sans fin. Tout démarre par le solo désarticulé d’un danseur qui bien vite est rejoint par les autres interprètes, investissant le plateau deux par deux. Ils se livrent alors à une chorégraphie composée d’échos et de répliques où le geste d’un danseur initie celui de l’autre jusqu’à provoquer un mouvement perpétuel. Réactions en chaîne, jeu de dominos, avalanches de corps, engrenages, autant d’accumulation de mouvements qui montre la formidable capacité d’adaptation de l’humain face à des situations chaotiques. Tels un essaim d’insectes, les danseurs sillonnent la scène en vagues harmonieuses sur la composition originale, d’inspiration minimaliste, de Jean‑Baptiste Julien. Cette musique hypnotique les entraîne au bord de l’épuisement, dans un flot ininterrompu de mouvements, proche de la saturation mais sans jamais se départir du collectif. Beau tout simplement !