Tunnel Boring Machine
de Yuval Rozman
Humour, chant et musique ponctuent ce spectacle qui lie l’intime à l’universel et incite « à parler à l’autre ». Décapant !
Khalil, un palestinien, est notre "héros". Il a été circoncis le jour du massacre de Sabra et Chatila, ce jour-là une diablesse lui a jeté un sort… Est-ce que les sorts se réalisent ? Aujourd'hui Khalil habite à Ramallah, centre de la Cisjordanie, à environ 15 km au nord de Jérusalem. Un soir il décide de s'aventurer dans un "Love-Tunnel", un lieu de rencontres homosexuelles, chargé de mémoire et peuplé de légendes, et c'est alors que les fantômes de l’Histoire vont réapparaitre. Au milieu des contrebandes, des terroristes et à travers les corps, bouches et muscles d’inconnus, il essaie de retrouver son amour perdu, un israélien, qui l'a
abandonné.
Imaginant le plateau comme un lieu d’expériences et de partage, l’artiste israélien nous convie à y rencontrer l’Autre, en l’occurrence celui qui est censé être l’« ennemi » à travers un personnage en quête d’identité, pris en otage par le conflit israélo-palestinien mais aussi écartelé entre ses propres désirs et détestations. Qu’est-ce qu’être Israélien aujourd’hui ? Souvent confronté à cette question depuis son installation en France, Yuval Rozman y répond à sa manière, poétique et politique, avec ce spectacle.
Entremêlant différentes voix à l’intérieur de ce même personnage, l’auteur et metteur en scène brosse le portrait fragmenté et touchant d’un homme qui affronte deux camps, le sien et celui d’en face, qui l’empêchent de vivre sa sexualité comme il l’entend. Un spectacle à la fois intime et universel,
traversé de ruptures dramaturgiques où l’humour, la musique et le chant sont les organes vitaux d’un regard acéré mais généreux sur une terre déchirée.