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Collectages Musiques et voix de nord Occitani

 

occidanes
Chambre d'écoute
Mardi 26 Mars
18h30 Salle d'écoute
sur une proposition de Jean-Michel Ponty

Entre 1975 et 1985, j’ai arpenté les pays situés à l’ouest des volcans du Massif Central avec mon magnéto, un Uher Report 4000, à la recherche de musiciens de tradition orale ayant quelques souvenirs de leur pratique instrumentale de jeunesse.
L’accumulation des rencontres et surtout leur durée mettaient très vite en évidence que les répertoires musicaux n’étaient pas l’objet principal des recherches, la découverte d’esthétiques sonores très particulières devenait l’enjeu de ce travail.
Je vous propose quelques traces de sons et de musiques captées au siècle dernier mélant géographie, histoire, énergies, transmission et quiproquo…

En supplément :
Extrait d'un texte de Florence Descamps, Maître de conférences à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (Paris, Sorbonne)

Le collecteur en tant que producteur

14 - Le collecteur-producteur, c’est, selon le Code de la Propriété Intellectuelle (article L 341-1), la personne morale ou physique qui la première a pris l’initiative de fixer « l’œuvre » et d’y consacrer des investissements particuliers. C’est donc l’institution, l’association, l’organisme, le spécialiste local indépendant, qui décide de faire une collecte de témoignages oraux, qui en définit les objectifs, les moyens de réalisation et en finance la réalisation (achat de matériel, rémunérations des intervieweurs, financement de la conservation).

15 - Vous pouvez constater que je viens de faire référence au Code de la Propriété Intellectuelle et que j’ai prononcé le mot « œuvre », pris dans son sens juridique strict.

16 - Il me faut donc faire une courte parenthèse sur le statut juridique du témoignage oral obtenu par voie d’interview. Le témoignage oral, l’entretien, à condition qu’ils se « coulent dans une forme originale », ce qui en général n’est pas très difficile à démontrer pour des entretiens historiques ou ethnographiques à caractère qualitatif, se sont vus reconnaître par la loi de 1957 la qualité « d’œuvre de l’esprit » et sont donc protégés et gérés par le Code de la Propriété Intellectuelle. Cette doctrine qui était déjà exposée dans le manuel de Mme de Tourtier-Bonnazzi, Le témoignage oral aux Archives, paru en 1992, et que j’ai développée dans mon propre ouvrage en 2001, a été confirmée lors de la Journée d’étude du 13 octobre 2005 à Sceaux, La parole et le droit, par la juriste Marie Cornu. L’intérêt de cette doctrine, outre le fait qu’elle définit très précisément les règles suivant lesquelles on peut exploiter le témoignage oral, réside dans le fait qu’elle met l’accent sur la décision créatrice et qu’elle identifie et protège la personne morale ou physique qui décide l’opération de recueil de mémoire orale en la désignant précisément sous le terme de « producteur ».

17 - Avant de présenter les caractéristiques du rôle de collecteur-producteur, quelques remarques générales sur les producteurs de témoignages oraux en France.

18 - En France, et ce, depuis un siècle, les producteurs de témoignages oraux sont extrêmement variés ; et, si l’on consulte la liste des collecteurs dans le Maine-et-Loire, on ne peut qu’être frappé par cette diversité : des militants individuels indépendants ou des érudits locaux, des institutions patrimoniales nationales ou locales (Archives et Bibliothèques), des musées ethnographiques ou des musées de société ou de pays, des sociétés savantes, des institutions universitaires ou des centres de recherche, des collèges ou des lycées, des associations régionalistes ou culturelles, des groupes de travail informels, des organismes sociaux, des collectivités locales ou des administrations, des organismes de tourisme, des institutions religieuses, des hôpitaux, des mouvements de jeunesse ou d’éducation populaire, des groupes d’anciens combattants, des syndicats, des entreprises ou des comités d’entreprise … Ce dernier exemple n’est pas représenté dans la liste des collecteurs du département, mais si cela n’existe pas dans votre région, vous savez que cela existe dans d’autres départements dans le cadre des musées d’entreprise ou des écomusées industriels…

19 - Cette extrême variété des « producteurs » de témoignages oraux, qui pourrait les faire apparaître comme hétérogènes et dispersés, voire désordonnés, fait en réalité la richesse du patrimoine oral français, patrimoine immatériel constitué empiriquement, depuis un siècle, au plus près et au ras de la société et des groupes sociaux qui la constituent. Pour avoir un aperçu de cette variété, on pourra feuilleter le Guide du Patrimoine sonore et audiovisuel français, paru sous la direction d’Agnès Callu et Hervé Lemoine, aux éditions Belin en 2005. Il faut bien comprendre que le nombre et la variété des producteurs de témoignages oraux, en croissance constante depuis les années 1970, sont la preuve de l’intensité de la demande sociale dans le domaine patrimonial, mémoriel et identitaire, demande bien caractérisée par des historiens comme Pierre Nora ou François Hartog ou par des sociologues-philosophes comme Marcel Gauchet ; ils sont également la preuve de la fragmentation des mémoires sociales, en autant d’entités symboliques qu’il y a de micro-communautés humaines, sociales, religieuses et culturelles. Et je me contenterai ici de constater le phénomène, en m’abstenant de le stigmatiser en parlant d’hypertrophie ou de saturation mémorielles, d’autant plus que le processus ne me paraît pas encore à son terme …

20 - De ce qui précède, il résulte que les collecteurs-producteurs sont résolument du côté de la demande sociale. Mais ils sont aussi du côté de la reformulation de cette demande et du côté de la définition d’un certain nombre de réponses sociales, culturelles ou scientifiques à apporter à cette demande : donc, ils sont aussi du côté de l’offre, c’est-à-dire de la proposition historique ou du projet patrimonial. Face à cette demande de mémoire, de patrimoine ou d’histoire, que peut-on proposer ? quels types de « produits historiques », quels types de projets scientifiques, quels types d’opérations culturelles ? De sorte que, du fait de leurs liens étroits avec les groupes sociaux qui ont une demande mémorielle ou patrimoniale, les collecteurs-producteurs se situent également à l’autre bout de la chaîne du témoignage oral, du côté de la valorisation, de la restitution et des usages sociaux de la mémoire, du patrimoine ou de l’histoire.

21 - Les conséquences de ces remarques très générales, sont que les producteurs doivent prioritairement réfléchir sur la demande sociale, à la manière dont ils veulent y répondre, sur les demandes dont ils sont porteurs et sur les objectifs qu’ils poursuivent eux-mêmes :
221° quels sont les objectifs scientifiques de l’enquête et de la constitution du corpus de témoignages (définition de la problématique, définition du corpus de témoins, choix de la méthode d’entretien, délimitation territoriale du projet d’enquête, établissement de partenariat scientifique avec des organismes de recherche) ?
232° Une fois le corpus de témoignages constitués, y a-t-il d’autres objectifs que scientifiques ou patrimoniaux et, si oui, lesquels (usages sociaux ou culturels, partenaires) ?
24Ces objectifs doivent donner lieu à une explicitation écrite, garante de la cohérence de la démarche, surtout quand la collecte de témoignages oraux donne lieu à un travail collectif, et partageable par tous les partenaires du projet.

25 - Outre la réflexion à mener sur les objectifs cognitifs et culturels de tel ou tel projet d’archives orales, le collecteur-producteur ne doit pas ignorer le contexte et l’environnement dans lequel il agit. En effet, l’importance du travail accompli par les collecteurs-producteurs, notamment depuis les années 1970, ne doit pas occulter les défis qu’ils ont à relever en ce début du XXIe siècle pour permettre aux témoignages oraux de se constituer en patrimoine capable de franchir les siècles : le défi de la professionnalisation, de la formation et du perfectionnement des personnels chargés du collectage, ce qui n’interdit pas le recours au bénévolat mais l’encadre et le stimule ; la maîtrise des technologies du numérique et la numérisation ; le défi de la mise en réseau qui seule permettra l’entraide, les partenariats croisés, la mise en commun des ressources, le partage des données et des moyens, une meilleure répartition des tâches et la visibilité tant à l’égard de la communauté des chercheurs que du grand public… Enfin, dernier défi à relever pour les collecteurs-producteurs : la levée des approximations juridiques, en clarifiant et en assumant explicitement leur statut de producteur, en contractualisant tant avec les témoins qu’avec les intervieweurs ou les centres patrimoniaux ; ce qui suppose de savoir mettre au point des contrats de cession de droits d’auteurs et d’avoir réfléchi ou défini préalablement les utilisations potentielles des corpus de témoignages oraux constitués (usages scientifiques, documentaires, culturels et sociaux).

26 - Si le collecteur-producteur décide la constitution d’une collection de témoignages et met en place le dispositif nécessaire à sa réalisation, le collecteur-enquêteur, lui, la réalise sur le terrain. C’est là tout un autre métier.

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Une radio temporaire de création fabriquée par des étudiant(e)s de l’Ensa Bourges
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Atelier sonore d’esthétique

Créé en 2005, l’Atelier sonore d’esthétique, est un séminaire de recherche esthétique en création sonore expérimentale — site web

Arts et créations sonores

Post-diplôme en partenariat avec le Conservatoire de musique et de danse de Bourges — d'électroacoustique — site web

dsra
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3e cycle — avec l'ÉESI Poitiers-Angoulême — site web