Acustica
En 1968, année de toutes les utopies, Mauricio Kagel se lance dans l’écriture d’Acustica, où dialoguent une bande magnétique et un instrumentarium composé d’objets inventés, d’instruments détournés.
Ce titre phare de Kagel, Acustica contient littéralement tout le sonore… Cette pièce tente de contenir aussi tous les gestes du sonore, des temps préhistoriques jusqu’à ceux de demain.
Mauricio Kagel est avant tout un compositeur du hiatus : celui de la logique compositionnelle et du résultat objectif, mais également celui des différents matériaux utilisés dans ses compositions : sons, gestes, figures. Ils sont à tout moment susceptibles de passer par le filtre de contraintes compositionnelles qui lui permettront de structurer le temps, l’espace sonore et, enfin, l’espace scénique. Rechercher un univers acoustique particulier, mettre en jeu une organologie imaginaire, ou bien des phonèmes, toute cette matière n’est pas destinée à rester inerte. De la forme de l’œuvre à celle de la représentation, Kagel amplifie la théâtralité intrinsèque qui habite toute performance musicale. Cette théâtralité laisse voir des gestes qui sont en quelque sorte décontextualisés, détachés de toute signification directe, nous renvoyant à l’absurde de notre propre position, théâtralité dont l’humour grinçant nous provoque en permanence : Kagel est un grand joueur.