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Répétition #2

 … Deux magnétophones parfaitement synchronisés jouent continûment à l’unisson le même fragment. Au bout d’un moment, Reich ralentit très progressivement une des deux boucles en appuyant sur une bobine avec le pouce, créant ainsi une désynchronisation. Le déphasage génère de nouveaux éléments rythmiques, mélodiques et timbriques « résultants » qui enrichissent considérablement l’écoute. Le relâchement du pouce permet d’annuler progressivement l’effet de canon et de revenir à la situation initiale.
De retour à New York, Reich perfectionne le procédé en composant une autre pièce pour voix enregistrée, Come out (1966), réalisée à partir d’une phrase unique extraite du témoignage d’un jeune noir passé à tabac par la police lors des violente émeutes d’Harlem en 1964. Reich va cependant ressentir rapidement la nécessité de sortir du champ restreint de la musique pour bande magnétique seule et va appliquer le principe de phasage/déphasage à la musique instrumentale dans Reed Phase, pour saxophone et bande (1966), Piano Phase (1967), pour deux pianos, Violin Phase, pour 4 violons ou violon et bande magnétique (1967). Dans Piano phase, la première œuvre uniquement instrumentale de cette période, une mélodie de 12 notes repose sur seulement 5 hauteurs modales jouées en croches. Le déphasage se produit par accélération très progressive d’un des deux pianistes pendant que l’autre maintient strictement le tempo. Cette évolution vers le domaine instrumental correspond avec la fondation en 1966 de son propre ensemble, Reich and Musicians.
Reich précise alors cette pensée dans plusieurs articles et notamment dans « La Musique comme processus graduel » écrit en 1968. Il y défend l’idée fondamentale d’un processus parfaitement audible se déroulant sur une longue période de temps et qui, une fois installé et chargé, fonctionne de lui-même à la manière d’un sablier que l’on retourne et dont on observe le sable s’écouler.

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Steve Reich
Compositeur américain né le 3 octobre 1936 à New York.
Biographie
Né le 3 octobre 1936 à New York, Steve Reich partage son enfance entre New York et la Californie. Il étudie le piano puis se tourne vers la percussion après avoir entendu le bat- teur Kenny Clarke accompagner Miles Davis. Il entre à la Cornell University en 1953 et obtient une licence de philo- sophie en 1957. Reich approfondit aussi sa connaissance de l’histoire de la musique (de Bach au XXème siècle) en as- sistant aux cours de William Austin. De retour à New York, il étudie la composition avec le jazzman Hall Overton, puis avec William Bergsma et Vincent Persichetti à la Juilliard School (1958-61) où il fait la connaissance de Philip Glass. Il retourne en Californie au Mills College où il étudie la compo-
sition avec Darius Milhaud et Luciano Berio, rejette le sérialisme mais s’imprègne du jazz modal de Coltrane, et obtient, en 1963, son Master of Art. En 1964, il participe à la création de la pièce répétitive In C de Terry Riley qui influence fortement son approche de la musique répétitive.
Il fréquente le San Francisco Tape Music Center et compose ses premières œuvres pour bandes magnétiques dont It’s Gonna Rain (1965) basé sur le principe du déphasage graduel qu’il adaptera ensuite aux pièces ins- trumentales. De retour à New York en 1966, il fonde son propre ensemble, le Steve Reich and Musicians, qui va connaître un succès mondial. Il découvre la musique indonésienne à travers la lecture de Music in Bali de Colin McPhee. Reich fréquente alors les artistes plasticiens de sa génération tels que Sol LeWitt et Robert Smithson et se produit à la Park Place Gallery en 1966 et 1967. Il incarne alors la branche musicale du mini- mal art dont la pièce emblématique Pendulum Music, à mi-chemin entre sculpture sonore et performance, sera créée en 1968 par lui-même et le peintre William Wylie. En 1969, Steve Reich et Philip Glass travaillent quel- que temps avec Moondog qu’ils proclament alors « fondateur du minimalisme ». Pendant l’été de 1970, Reich étudie les percussions africaines à l’Institut des Études africaines de l’Université du Ghana à Accra. Enrichi de cette expérience, il compose Drumming (1971-72), pour diverses percussions et voix, stade ultime de raffine- ment de la technique de déphasage et première apparition de la substitution des battements aux silences.
Entre 1970 et 1973, il collabore étroitement avec la danseuse et chorégraphe Laura Dean. En 1973 et 74, il travaille la technique des gamelans balinais Semar Pegulingan et Gambang à l’American Society for Eastern Arts à Seattle et à Berkeley, Californie. De cette période datent Six Pianos (1973) puis Music for Eighteen Musicians (1976). En 1974, il rencontre sa future épouse Beryl Korot grâce à qui il redécouvre le judaïsme et apprend l’hébreu. De 1976 à 1977, il étudie à New York et à Jérusalem les formes traditionnelles de can- tillation des textes sacrés hébraïques dont Tehillim (1981) sera l’écho. L’œuvre, composée sur des psaumes bibliques — tout comme Desert Music (1984) sur des écrits de William Carlos Williams —, témoigne d’un nouveau désir de Reich de travailler sur des textes. À la fin des années quatre-vingt, Reich emploie à nouveau les bandes magnétiques notamment dans Different Trains, pour quatuor et bande, évocation des allers-retours en train de son enfance entre New York et Los Angeles et « d’autres trains » roulant en Europe vers les camps de la mort. Le nouveau mode de composition utilise les paroles de textes enregistrés pour générer le matériau instrumental.
Sa musique s’est progressivement éloignée du minimalisme. City Life (1995), pour instruments et samplers, marque une évolution dans l’utilisation technologique : deux claviers jouent en direct des fragments de paroles et des bruits urbains échantillonnés. Son inclination pour la musique ancienne (Pérotin) lui inspire Proverb (1995). Avec The Cave (1989-1993), conçu autour d’Abraham, père des trois religions monothéistes, et com- posé pour un ensemble instrumental accompagnant la projection d’une vidéo réalisée par Beryl Korot, Reichse lance dans la création multimédia. En 1994, il devient membre de l’American Academy of Arts. De 1998 à 2002, il compose Three Tales, opéra vidéo traitant de la domination technologique du XXème siècle à travers trois épisodes : le crash du Zeppelin en 1937 (Hindenburg), les essais nucléaires américains dans le Pacifique de 1946 à 1952 (Bikini) et la brebis clone conçue en 1997 (Dolly). En 2006, il reçoit le prix Praemium Imperial (Japon) et en 2007 le Polar Music Prize (Suède).

RadioRadio

Une radio temporaire de création fabriquée par des étudiant(e)s de l’Ensa Bourges
en FM : 105.1 à Bourges
et sur le web

Atelier sonore d’esthétique

Créé en 2005, l’Atelier sonore d’esthétique, est un séminaire de recherche esthétique en création sonore expérimentale — site web

Arts et créations sonores

Post-diplôme en partenariat avec le Conservatoire de musique et de danse de Bourges — d'électroacoustique — site web

dsra
document & art contemporain

3e cycle — avec l'ÉESI Poitiers-Angoulême — site web