Cinéma du Foyer Saint-François
En présence de Fédérico Rossin
L'art de la programmation # 3 - Carte blanche à Federico Rossin
Sur une proposition d'Érik Bullot
Depuis octobre 2021, l’École nationale supérieure d’art de Bourges, en partenariat avec le collectif Antre Peaux, investit le cinéma Saint-François à Bourges. La salle de cinéma accueille des conférence, des cours, des séminaires, mais aussi des projections et des séances publiques. Quelle est aujourd’hui la fonction d’un cinéma après la crise sanitaire ? Que montrer, et comment ? La programmation ne constitue-t-elle pas un geste artistique à part entière ?
Pour aborder ces questions, ouvrir un débat et partager des points de vue, l’ENSA Bourges et Antre Peaux proposent, avec la complicité d’Érik Bullot, cinéaste, théoricien et enseignant à l’ENSA, une série de cartes blanches confiées à des programmateurs. Chacun des invités présente un ensemble de films de son choix en vue d’exposer et d’illustrer sa conception de la programmation.
Un débat sera ouvert avec le public à l’issue de la projection.
Federico Rossin : "J’étais critique, j’écrivais, et j’en ai eu assez. Je voulais être historien à ma façon, en continuant à penser et à écrire, mais différemment. J’ai décidé de croiser deux routes et d’écrire des essais avec les films des autres. C’est ainsi que je vois la programmation: chaque parcours, chaque séance sont calibrés pour être un parcours de découverte d’univers entrecroisés et que je fais dialoguer. Ce que je cherche à construire, c’est une cosmologie de planètes mises en orbite en un certain nombre de séances. Chaque programme doit devenir une expérience unique pour le spectateur, auquel le créateur ne cesse de penser. Un travail de construction/anticipation qui me rapproche de la disposition d’esprit qu’il faut au joueur d’échecs, et qui m’oblige, car toutes ses
programmations partent et parlent de moi, ce sont des essais. J’utilise d’ailleurs le mot essai à dessein, en référence aux Essais de Montaigne. L’essai répond à une éthique qui réclame que chaque programmation me ressemble, et surtout qu’elle m’engage. En quoi ce désir de composition, de programmation de films est-il fondé et en quoi est-il partageable avec les spectateurs/les lecteurs?
La programmation est un art de la résonance et du rythme: faire penser les films, trouver de pistes cachées, des liens historiques impensés. Un travail sur la forme des films, sur la texture des images et du son: un travail de tissage et de dramaturgie. Mais c'est un travail très politique aussi, une remise en perspective des nos valeurs, des nos connaissances, des nos idées. Programmer est un acte d'écriture et de pensée: chaque fois il s'agit de composer un véritable essai. Un travail de passeur et de collagiste. Daney + Dada. Mais avec ce programme j'ai décidé pour une fois de changer de jeu : je reprends mon métier d'historien du cinéma en faisant découvrir une œuvre rare et oubliée, jamais montrée en France. Mais dans ces cinq films de David Hall & Tony Sinden on finit par retrouver mon principe de composition inspiré par la forme du montage : un montage de formes qui devient un programme- constellation. C'est toujours là que réside la potentialité critique."
Biographie
Après des études de littérature, d’histoire de l’art et de philosophie, Federico Rossin devient historien du cinéma, conférencier, formateur et passeur d'images. Il mène ses recherches dans le domaine du cinéma expérimental, documentaire et d'animation. Depuis 2007 il travaille comme programmateur indépendant pour de nombreux festivals et cinémathèques. Il intervient aussi dans des réseaux d'éducation populaire et des contextes universitaires.
Programme
Actor, David Hall & Tony Sinden (1972-73), 10 min
Between, David Hall & Tony Sinden (1973), 15 min
Edge, David Hall & Tony Sinden (1973), 8 min
This Surface, David Hall & Tony Sinden (1972-73), 11 min
View, David Hall & Tony Sinden (1972-73), 9 min
Durée total : 53 min