Fabien David de Coloco
Séminaire "Végétales : présences et pensées en mouvement II"
L'objectif de ce séminaire est d'encourager des travaux de recherche et d’expérimentation à l’écoute singulière du monde végétal dans un dialogue en va et vient entre la réalisation collective et celles singulières à chacun/e. Favoriser la transversalité impliquant pratiques artistiques, filmiques expérimentales et réflexions écologiques et poétiques sur les formes de vie considérés comme ensembles reliés, composés, mélangés, « en relation ». Faire émerger ainsi une pensée et des pratiques artistiques sur les lieux où sommes abordant la question des lieux de vie comme porteuse de diverses écologies à considérer, questionner, réinventer. L’idée est que des réalisations puissent, peu à peu, mais de manière significative, toucher l’écologie du lieu que nous habitons, suscitant chez les étudiants-es une réflexion plus approfondie sur leurs manières de concevoir leurs tentatives artistiques.
Autour des différentes approches concernant le monde végétal, ce séminaire évoquera des textes et manières de faire, de penser, d’expérimenter le paysage, le sol, les lieux de vie, l’habiter, et donc les relations dans lesquels les différents êtres vivants se retrouvent imbriqués et non séparés les uns des autres. Entre réflexion et expérimentation pratique dans la poursuite de ce qui a été accompli l’année 2017-2018 avec la transformation du paysage de la cour publique de l’école « devenir jardin » (à partir de ce qui a été un parking) et de la cour du chat en « tiers paysage », nous allons ensemble préciser les enjeux de ce qui fut cet élan d’œuvre collective. Le séminaire s’accompagnera et se rythmera par :- * des moments pratiques de respiration au jardin (observation directe, prise des notes et dessins, soin du jardin, filmage, prise de son*) ;- ** moments de réflexion commune (de théorisation et d’échange) ;- *** constitution d’une archive « images-textes » en vue d’une édition à venir avec le soutient de l’ENSA Bourges et le Musée Reina Sofia à Madrid**).
Il s’agira de : - comprendre l’espace, fabriquer des utopies concrètes, des transformations.- faire œuvre collective (avec des œuvres et gestes singuliers et revenant à chacun.e)- de donner à la cour l’élan, les chances, de devenir un « jardin en mouvement » ce qui selon le concept de Gilles Clément, veut dire laisser pousser librement et instaurer une relation de coopération issue d’une observation sensible. - penser les circulations, les agencements de formes (de vie) mais aussi des paroles, des gestes du « jardin-archipel ».- faire analyser la terre et comprendre. - repenser la question de l’eau. - penser au relief des deux parcelles du départ du jardin, conçues avant Devenir Jardin comme des surfaces rectangulaires et entièrement plates, sans aucun relief ni ondulation. - observer et penser ensemble les circulations, les chemins qui se créent ou qui pourraient encore se créer dans la cour-jardin-archipel.- densifier les îlots végétales, surélever des mottes, creuser des chemins permettant de traverser la cour en biais entre les îlots végétales. - pour passer l’hiver nous proposons d’imaginer et monter une serre à plusieurs usages.- penser la parcelle végétale de l’entrée de l’école, le rapport entre intérieur et extérieur. Les réalisations qui en résulteront, continueront à changer à petite échelle mais de manière significative l’écologie et les usages des lieux de l’école. - ** Il sera demandé de faire des recherches pour les analyser ensemble sur : - les différentes manières dont les artistes et pas que, considèrent, citent ou mettent en œuvre un dialogue avec le végétal. Que cela soit comme témoin privilégié de l’histoire, comme un facteur agissant de transformation sociale, comme producteur d’interactions, comme étant otage des idéologies, comme libérateur et modèle d’inspirations diverses, comme matière poétique.- la notion du paysage. Le paysage, à dimension esthétique forte, voire picturale ou littéraire en tant que représentation, (il y a aussi le paysage sonore), cette notion recouvre de nombreuses acceptions et le paysage manifeste aussi les politiques d'aménagement du territoire, voire la géopolitique. Nous tenteront donc de penser les points de vues, les perspectives que cette notion implique ou qu’elle oublie, ensemble pour réfléchir à ce que nous produisons en commun dans notre expérimentation concrète dans la cour.Traduction concrète et spatiale d’un écosystème, une terre où pouvoir se reposer qui sensibilise les significations et se dérobe aux concepts qui voudraient l’insérer dans une définition trop rigoureuse, une vision liée au domaine artistique dont on note pratiquement sa disparition, tandis que le relais serait pris à un tout autre niveau, par celui de la pensée scientifique et des applications techniques, le paysage sera maintes fois questionné. *** L’idée est de constituer en parallèle un « répertoire poétique des plantes » du jardin de la cour. Travail aussi littéraire qu’archéologique et botanique, ou encore linguistique car nous allons réfléchir aux noms donnés aux plantes, à leur diversité et aux géographies élargies qui les animent. D’imaginer en chemin d’autres formes que celles de l’herbier classique qui isole, identifie, classe, en s’appuyant et en mettant l’accent sur l’observation des liens et des relations que les plantes instaurent entre elles, et le reste du vivant. Une botaniste et Hélène Figuier, ancienne étudiante de Bourges ayant fait une formation de jardinière-paysagiste, et d’autres ex étudiants/es, du collectif Devenir Jardin seront par moments parmi nous.