Workshop Bronze avec Idrissa Guira

Elle consiste à modeler les objets en cire avant de les couvrir d’une gangue de terre mélangée de crottin de cheval et de paille. Un orifice est cependant conservé afin qu’une fois jetée dans le brasier la cire puisse s’écouler de ces moules à usage unique. Il ne reste alors qu’à verser le bronze en fusion  qui selon le talent des maîtres bronziers se substitue parfaitement à la cire. La pièce refroidie et n’apparaît qu’une fois libérée de son moule détruit.

Vient ensuite le long travail de finition assuré par les apprentis. Après l’avoir polie durant des heures et enfin patinée selon les recommandation du maître (vert de gris, brun foncé ou dorée naturel) la pièce peut enfin être mise à la disposition de son commanditaire ou du marché. Les différentes phases de travail de cette technique sont si nombreuses et longues qu’il est rare qu’un seul bronzier les assurent toutes. Ainsi c’est au sein d’ateliers jadis familiaux réunissant de nombreux apprentis sous l’autorité d’un maître que les objets d’arts voient le jour. Chacun tient son rôle, j’essaye chaque jour à une nouvelle phase de travail, une nouvelle technique si bien que l’apprentissage circule et se fait de façon tout à fait informel.

Encore aujourd’hui le roi des Moose, le Mogho Naba, les rappelle à leur fonction première de bijoutier royaux en leur passant commande : ils ont la charge de confectionner les bijoux des femmes du roi, certains matériels équestres, les cannes du roi, mais également les effigies royales mortuaires conservées dans un sanctuaire tenu secret. L’artisan qui est responsable de cette réalisation sait qu’il s’agit alors de sa dernière œuvre. Il est en effet exilé dans un village du royaume et doit cesser toute activité de production d’objet en bronze afin qu’il ne soit jamais tenté de dévoiler les secrets de son ultime réalisation.

Idrissa Guira perpétue cette tradition dans les plus grandes règles de l’art et c’est fort de l’histoire de sa famille et de son statut privilégié d’artisan royal qu’il a su s’affranchir des formes traditionnelles du bronze à la cire perdue pour nous offrir des productions modernes, originales mêlant diverses patines et inspiration.