Dans les marais : Coloration / Mimétisme / Paysage
Les êtres sont capables de se camoufler en se fondant dans leur environnement, de façon très visible et tapageuse, ou bien de façon invisible et temporaire, par la couleur en interaction avec le milieu, la forme et selon un point devue spécifique.
Abbott Thayer (1849-1921), artiste peintre, observateur d'oiseaux, taxidermiste, pédagogue et scientifique amateur, a écrit un livre sur le camouflage dans le monde naturel, (Concealing-Coloration in the Animal Kingdom). Il a présenté et exposé sa loi en 1909, du déguisement par la couleur et le motif comme une découverte scientifique, considérable, fruit d’un esprit artistique. « Le camouflage désigne aussi bien ce qui se fond dans le décor que ce qui s’en détache » écrit la chercheure Hanna Rose Shell. Elle enseigne l’histoire des sciences, des technologies et des sociétés au Massachusetts Institute ofTechnology (MIT, Etats-Unis) et documente dans son ouvrage « Ni vu ni connu » (2012) que le terme « camouflage » a permis d’identifier des techniques de dissimulation visant à échapper au repérage photographique. Elle y étudie les stratégies des militaires qui miment celles visuelles des animaux pour se fondre dans l'environnement, mais aussi des photographies truquées, sur filtres de logiciel, des artistes jouant sur les codes de la dissimulation, des taxidermistes étudiant la peau, des modes de surveillance optique dépassant les capacités de l’œil humain....
Dans le cadre d’un paysage spécifique, les marais de Bourges, nous étudierons ces notions. Les étudiantsseront conduits à mettre en scène leur propre ressenti, une production de leurs captations del’environnement, une interprétation du paysage, une création.
Les terrains marécageux qui entouraient Bourges ont longtemps assuré la défense de la ville. Au XVIIe siècle, les jésuites achètent une partie de ces "marais" et les louent à des particuliers qui les transforment en parcelles cultivables. Avec la Révolution et la vente des biens nationaux, cette mise en culture s'intensifie : les maraîchers ou« maretiers » alimentent la ville en fruits et légumes pendant trois siècles. Au milieu du XXe siècle, avec le changement des modes de production et de distribution, la profession décline pour disparaître dans les années 1970. Aujourd'hui exploités en jardins familiaux, les Marais de l'Yèvre et de la Voiselle ont été classés en 2003 sur la liste des Monuments Naturels et des Sites.
Objectifs :
• S’imprégner d’un environnement naturel
• Produire un carnet de bord photographique (et de dessins, de notes, de prises sonores)
• Restituer son expérience sensorielle et ses idées de création
• S’initier aux traitements des images à l’aide d’outils, de l’imagination, d’études des illusions
• Étudier des œuvres en relation au paysage et au camouflage
• Créer une pièce artistique
Promenade et collecte d’éléments, échanges, discussion, flânerie, observation, étude, en extérieur, prise de vuenumérique et traitement. La saison sera sans doute un été indien, avec possibilité d’avoir un pied-à-terre dans lesmarais. Le second temps sera dans une saison hivernale et propice à l’apprentissage ou l’utilisation de logiciel detraitement d’image et de projection, à l’intérieur de l’école, ou montage sonore, afin de définir ses choix artistiques avec des supports logistique et technique existant dans l’école.
Ce workshop en 2 sessions (octobre 2016 et janvier 2017) est une expérimentation sensitive et visuelle dans les marais de Bourges. Le principe est une balade principalement photographique de l’environnement, mais elle peut s’augmenter de dessins ou prises de son, tout comme elle peut être avant tout olfactive. De cette balade encaptation, sertie de lectures et d’apports de réflexions, à l’issue de la première semaine, une restitution de la matière sera effectuée dans le cadre du sujet étudié. La deuxième semaine consiste à mettre en dispositif (projection,installation multimédia, de médiums différents) une production qui rend compte de cette découverte, à chacun,chacune, singulière et vibrante. Il s’agit là d’expérimenter à travers différents médiums et médias la notion depaysage, dans la relation complexe entre le vu, le perçu, le visible, l’invisible, le dissimulé…
• Capacité à flâner, curiosité, esprit de découverte, disponibilité à être dehors et restituer sa recherche
• Qualité des productions de captation
• Maîtrise technique des procédés de traitement par l'usage d’outils dédiés
• Choix final et inventivité de la pièce réalisée (in situ ou dans l’école)
Hanna Rose Shell : Ni vu ni connu. Le camouflage au regard de l’objectif. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Francois Caro. 256 p. 70 illus.
Martin Gusinde, L’esprit des hommes de la terre de feu, Selk'nam yamana Kawésqar, (Xavier Barral eds)
