par Jean-François Boclé
L’époque semble sans cesse nous demander de prendre position. Chaque nouvelle pétition, boycott ou action collective nous donne, souvent à juste titre, une bonne raison de nous indigner. Le milieu culturel n’y échappe pas puisque ses institutions sont régulièrement accusées de racisme, de sexisme, d’appropriation et de néo-colonialisme. Mais peut-on faire œuvre de tout cela ? L’artiste peut-il s’engager dans toutes les causes au risque de s’épuiser, de se disperser, voire de prendre une place qui ne lui est pas donnée ? Ne lui faut-il pas davantage définir les lignes d’une éthique qui lui soit propre et rester bien ancré dans l’œil du
cyclone ? Malgré son usage aujourd’hui répandu, « être dans l’œil du cyclone » signifie que l’on se trouve là où les vents sont plus calmes, au figuré que l’on est épargné par le tonnerre des critiques ou des soupçons. Pour autant, si l’on est épargné par le tumulte des éléments, on n’y est pas extérieur : impossible de faire abstraction du mur d’orages qui vous entoure. Cette image opère telle une tentative de représenter la difficulté que l’on éprouve parfois à se situer au sein des débats qui agitent notre société, sans vouloir les déserter. Cette image est aussi une manière d’évoquer l’artiste Jean-François Boclé qui portera ce workshop au sein de l’Ecole. Le cyclone rappelle à la fois son origine caribéenne et son intérêt pour les phénomènes météorologiques violents qui frappent régulièrement cette région du monde.
Avec Frédéric Herbin, Jean-François Boclé accompagnera les étudiant.e.s dans un travail de réflexion et de questionnement sur leur relation au positionnement éthique et politique, ainsi que dans une production plastique dont le rythme se veut volontairement rapide. Tout médium pourra en effet être convoqué, mais il sera demandé aux étudiant.e.s de penser chaque jour une nouvelle proposition qui sera aussitôt discutée : il s’agit de s’inscrire dans une rythmique pour penser et faire l’expérience de l’imminence. Les productions réalisées dans une dynamique de groupe pourront être individuelles ou collectives. La progression construite au fil des quatre jours aboutira à une forme finale que l’on pourra découvrir lors d’une monstration organisée par les étudiant.e.s.
Ayant suivi une formation artistique à l’Ecole d’art de Bourges, puis à celle de Paris, il expose depuis régulièrement son œuvre sur tous les continents (en ce moment au Van Gogh Museum, à la Hunter East Harlem Gallery et à la Maëlle Galerie). Son travail s’attache à mettre au jour les rapports de forces et de violences qui règlent le fonctionnement de notre monde depuis le premier pas de Christophe Colomb sur une île des Caraïbes. Il tente ainsi de tracer le chemin vers la possibilité d’un « NOUS » qui ne repose pas sur l’exploitation de « L’AUTRE ».