Toute une année de lune durant
Exposition des diplômés 2016
Commissariat de Sleep Disorders (Marion Auburtin & Benjamin L. Aman)
L’exposition « Toute une année de lune durant » regroupe vingt-deux artistes diplômés de l’École nationale supérieure d’art de Bourges en juin 2016. Sans sélection liée au résultat du diplôme, nous faisons le choix de montrer le travail de celles et ceux ayant répondu présent à l’appel qui leur a été fait. Il ne s’agit donc plus véritablement ici de faire de l’exposition des diplômés l’expression d’une nouvelle récompense mais au contraire de rebattre les cartes, de mettre au centre l’étudiant devenu jeune artiste entre-temps et de donner visibilité et lisibilité à chaque travail sans hiérarchie ni évaluation.En respectant au mieux la diversité d’une promotion, une certaine humeur nous a semblé se dégager parmi les travaux qui nous étaient présentés, comme une forme de poésie critique, d’engagement poétique, de résistance par l’imaginaire. L’ombre convoquée de Jorge Luis Borges, de ces méandres fictionnels, liant politique et métaphysique nous ont peu à peu mené vers cette exposition ou les histoires se tissent et se déforment en un même jeu de miroirs.
Toute une année de lune durant, j’ai été déclaré invisible : je criais et on ne me répondait pas, je volais le pain et je n’étais pas décapité, j’ai connu ce qu’ignorent les grecs : l’incertitude. Dans une chambre de bronze, devant le mouchoir silencieux du strangulateur, l’espérance me fut fidèle ; dans le fleuve des délices, la panique (…). Je dois cette diversité presque atroce à une institution que d’autres républiques ignorent ou qui n’opère chez elles que de façon imparfaite et obscure : la loterie. Je n’ai ai pas scruté l’histoire : il ne m’échappe pas que les magiciens restent là dessus divisés. Toute la connaissance qui m’est donné de ces puissants desseins, c’est celle que peut avoir de la lune l’homme non versé en astrologie. J’appartiens à un pays vertigineux où la loterie est une part essentielle du réel ; jusqu’au présent jour, j’avais pensé à elle aussi peu souvent qu’à la conduite des dieux indéchiffrables ou de mon propre coeur. Aujourd’hui, loin de mon pays et de ces chères coutumes, c’est avec quelque surprise que j’évoque la loterie et les conjectures blasphématoires que sur elle, à la chute du jour, vont murmurant les hommes voilés.
Jorge Luis Borges, La Loterie à Babylone, Fictions, éd. Gallimard, 1957
avec : Alexia Zamuner, Benjamin Bloch, Camille Nivollet, Chiraz Salah, Flora Hommand, Gabrielle Grenier, Geoffrey Perales, Jennifer Carlos, Jon Haure-Place, Jonathan Nicolas, Lu Hang, Lympia Filippi, Manon Verdier, Margaux Estivill, Marine Lahaix, Na Wang, Nina Marchand, Pauline Duchez, Pauline Martinez Le Ninan, Sarah Saudry-Dreyer, Yoko Iinuma
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Vernissage suivi de la performance de Jonathan Nicolas à 19:00
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OUVERTURE EXCEPTIONNELLE LES 17 ET 18 SEPTEMBRE DE 14h À 18h
A L'OCCASION DES JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE
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Rencontre professionnelle :
jeudi 6 octobre 2016 de 15h à 18h
au Gymnase de l’Ensa
En présence de Marie Cantos (commissaire d’expositions), Guillaume Constantin (artiste), Solenn Morel (directrice du Centre d’art Les Capucins), Sébastien Pons (président de l’association Le Pays où le ciel est toujours bleu), Marion Auburtin & Benjamin L. Aman (Sleep Disorders).
Programme :
15h-16h : visite commentée de l’exposition en présence des artistes et des commissaires de l’exposition
16h-17h : présentation des intervenants
17h-18h : discussion