Racines carrées
vernissage le jeudi 10 juin à 18h
Avec Meris Angioletti, Cécile Beau, Claire Fouquet et Marie-Jeanne Hoffner
Les deux termes côte à côte semblent se confronter : d’un côté, les sinuosités des racines qui vont puiser en profondeur, de l’autre la rectitude des carrés qui posent leur surface. L’association de ces deux termes convoque deux modalités de pensée.
La première consiste à employer une méthode rigoureuse, à chercher des lois, à appliquer des règles.
La seconde est faite de détours, de résurgences, d’improvisation, elle se développe dans l’imaginaire.
C’est sans doute cette dernière qui fait sortir les termes « racines carrées » de leur espace mathématique pour le faire entrer sur un terrain archéologique.
Voilà le carré délimité au fil, ce quadrillage du sol où gisent les indices d’une histoire, à suivre jusqu’à la racine.
Le fil est tendu, entre méthodologie archéologique et libres associations.
Il est aisé pour l’artiste de s’identifier à l’archéologue : dans la pratique, ils ont de quoi s’entendre.
Notes, collectes, inventaires, découpages, mise aux carreaux, dessins, moulages, balayages au pinceau, photographies... C’est par l’exploration de la matière, l’intelligence de son emploi adéquat, qu’ils sont producteurs de sens.
Des questions communes motivent leur recherche : où déterrer ce que l’on cherche, ce que l’on suspecte d’exister ? Comment enlever pour révéler ? Puisque le dessous révèlera la surface, ne pas hésiter... Il faut reconstituer un tout cohérent, rassembler les fragments. L’énigme se donne comme un puzzle à reconstruire.
C’est une investigation par indices : que comprendre de ce qui se donne à voir ? Allers-retours entre la preuve extérieure et l’évidence intérieure. Frontière ténue entre déduction et invention.
Vient le moment de gratter la surface... et de s’étonner de ce qu’on y trouve – recherche d’une filiation qui nous rassure, qui nous dépasse, aussi.
Meris Angioletti, Cécile Beau, Claire Fouquet et Marie-Jeanne Hoffner, artistes résidentes à la box en 2009, ont en commun cet intérêt pour ce qui est couvert, ou ce qu’on choisit de découvrir. Elles font de leur rencontre un champ de fouilles, où il est question de géologie mentale, de souterrains, de mémoire, de lectures superposées en strates, où se négocient les frontières entre visible et invisible.